LES RYTHMES SCOLAIRES ENFIN EN DEBAT

iStock 000012670317SmallLe 15 avril dernier, Luc Chatel, Ministre de l’éducation nationale a annoncé la mise en place d’une conférence nationale chargée de réfléchir aux rythmes scolaires, à l’équilibre entre le temps de l’école, le temps de repos, les vacances, les activités sportives et culturelles.

La ville de Vincennes s’est portée volontaire pour organiser une table ronde le 25 novembre, au cours de laquelle les représentants des parents d’élèves pourront s’exprimer.

L’organisation des rythmes scolaires a toujours conduit à des batailles où chaque « partie » - y compris nous les parents – a défendu son intérêt ou son confort souvent au dépens de l’efficacité pour l’enfant. Cela a conduit à un calendrier éprouvant tant pour les élèves qu’en termes de conditions d’enseignement.

La FCPE a de longue date fait de cette question une priorité, que nous avons prolongée localement.

Nous nous sommes beaucoup documentés et avons débattu des contraintes, avantages et inconvénients par rapport à l’intérêt des enfants et de l’enseignement, en tentant de mettre de côté nos préférences individuelles ou familiales. Nous partageons dans ce Quoi d’neuf les éléments de ce débat et nos conclusions, que nous présenterons à la table ronde. Les débats se poursuivront au-delà du 25 novembre aux niveaux national et local. Nous vous encourageons donc à alimenter cette réflexion, dans l’optique d’améliorer la réussite scolaire pour TOUS, et à nous en faire part par le moyen qui vous convient. Nous vous tiendrons informés des échanges du 25 novembre, et des étapes ultérieures prévues pour ce chantier.


CONTRIBUTION DE LA FCPE VERNAUDON
AU DEBAT SUR LES RYTHMES SCOLAIRES

Pour la FCPE, ce débat ne doit pas masquer les autres problèmes. La question des rythmes scolaires est certes importante, mais autant que d’autres difficultés auxquelles l’Education Nationale doit faire face : diminution des moyens, augmentation des effectifs des classes, dégradation de la formation des enseignants, disparition progressive des personnels parascolaires (RASED), etc.

Aussi, nous souhaitons que ce projet pertinent ne se traduise pas par de nouvelles mesures réduisant les ambitions de l’école. Comme diminuer les heures d’enseignement, confier une partie de ce temps à des personnels non enseignants, ou transférer des coûts et responsabilités vers les mairies.

LES RYTHMES SCOLAIRES

La réflexion doit prendre en compte l’ensemble des rythmes scolaires : la journée, la semaine, le trimestre et l’année. Il ne s’agit donc pas de débattre « pour ou contre la semaine de 4 jours » ou « pour ou contre le samedi ou le mercredi travaillé ».  La question est plus globale et plus complexe.

Les recherches sur l’impact des rythmes biologiques sur la réussite scolaire sont nombreuses et intéressantes. Il faut cependant les considérer avec précautions car elles sont souvent critiquables sur le plan méthodologique. Les tests  « avant/après » la semaine de 4 jours sont souvent difficiles à interpréter : rien n’est comparable entre les périodes étudiées, ni les enfants, ni les programmes, ni les enseignants, etc. Par contre, toutes les études s’accordent à dire que le pire des systèmes – pour les apprentissages et le respect de l’enfant - est sans doute la semaine de 4 jours.

LE CONSTAT

Il y a cependant un certain nombre de constatations très simples, presque de bon sens, qui doivent permettre de trouver des pistes d’amélioration :

1.       La concentration extrême du temps d’apprentissage en France comparée aux autres pays

·         un nombre élevé d'heures de classe (par jour et par an) dans un calendrier scolaire court (peu de jours et peu de semaines) : 900 heures par an contre 600 en Finlande par exemple.

·         Le plus faible nombre de jours d’enseignement (144 jours par an à comparer aux 170-200 jours dans la plupart des pays européens).

Les résultats dans certaines évaluations internationales (avec les limites de ce genre de comparaisons) des pays scandinaves semblent plaider en faveur d’une journée plus courte et un calendrier mieux étalé sur l’année.

2.       Le rythme hebdomadaire

La concentration est accrue à l'école primaire depuis la réforme de 2008 supprimant le samedi matin, généralisant la semaine de quatre jours, avec pour résultat les journées de cours de loin les plus longues d’Europe. La France est pratiquement le seul pays d’Europe utilisant ce système.

      3.   Le rythme annuel

·         Dans le rythme 7/2 (7 semaines de cours/2 semaines de vacances), la coupure de 2 semaines s’avère nécessaire car le rythme actuel épuise les enfants. Ce rythme n’est cependant pas pleinement réel du fait de la création des 3 zones de vacances : certaines zones peuvent avoir 9 ou 10 semaines de cours sans interruption.

·         Les très longues vacances d’été (par rapport à d’autres pays) imposent une rupture importante dans l’apprentissage et sont à l’origine de cette concentration excessive de l’apprentissage sur un faible nombre de jours.

 

      4.    Le rythme journalier

 

Concernant l’aménagement de la journée scolaire, les études et les discours sont discordants. Bien entendu, il faut s’inspirer des études sur les rythmes biologiques pour organiser la journée la mieux adaptée. La question est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît et au-delà de la journée d’enseignement, bien d’autres facteurs influent négativement sur les capacités d’attention des enfants : beaucoup d’enfants se couchent trop tard, certains arrivent à l’école à 7h30 et en repartent à 19h, le bruit, les classes surchargées, etc. Il faut en particulier éviter de conclure à une solution « simpliste » du type « Il faut faire les cours le matin et le sport et les activités d’éveil l’après-midi », proposition qui d’ailleurs serait totalement inapplicable sur une ville comme Vincennes qui n’a déjà pas assez de structures en répartissant les créneaux de sport sur une journée entière.

L’organisation de l’activité des enfants doit être fondée sur l’alternance activité intellectuelle/activité physique, activité d’apprentissage/activité d’expression et de communication tout en diversifiant les supports et les formes de travail. En particulier, la tranche horaire du début daprès‐midi doit être consacrée à des activités de détente mobilisant une moins grande capacité dattention.

EN CONCLUSION

Sur la base de ces constats, la FCPE de Vincennes retient les éléments suivants :

  • Le sujet des rythmes scolaires, important, ne doit pas masquer les autres facteurs d’échec toujours présents (les effectifs, la formation des enseignants, le manque de moyens adaptés pour lutter contre l’échec scolaire, etc.).
  • La réorganisation de la journée scolaire doit être pensée dans sa globalité. Elle a des conséquences bien au-delà de l’Education Nationale. Cela pose de nombreuses questions sociales et financières. Changer l’organisation du temps scolaire pour créer des conditions pour « mieux apprendre » impose à chacun, parents, enseignants, collectivités, Education Nationale, industrie du tourisme, associations culturelles, sportives, artistiques… de penser au-delà de ses propres intérêts à court terme et donc de faire des concessions.
  • Le réaménagement des rythmes scolaires ne doit pas conduire à un transfert de la responsabilité et des charges vers les collectivités territoriales, ce qui serait une source d’inégalité.
  • La priorité de la réforme doit être de réduire la concentration du temps d’apprentissage journalier en étalant les apprentissages (y compris le temps consacré aux devoirs et à l’aide des enfants en difficulté) sur un plus grand nombre de jours. Pour ceci, il faut utiliser plusieurs variables d’ajustement :
  • Abandonner la semaine de 4 jours qui semble de loin la plus défavorable au profit d’une organisation sur 4 jours et demi ou 5 jours. Elle est décriée par les chronobiologistes, l’académie de médecine, les pédagogues, les enseignants et pratiquement aucun pays d’Europe ne l’a adoptée. 
  • Réduire la durée et le nombre de semaines de vacances d’été d’une ou deux semaines.
  •  Respecter réellement un rythme de 7 semaines de cours suivies de 2 semaines de vacances, ce qui impose de réformer le système des zones.
  • Réaménager le rythme journalier en respectant mieux les grands principes issus des études chronobiologiques en privilégiant en particulier l’alternance d’activités intellectuelles avec des activités physiques et artistiques (ce qui est d’ailleurs déjà en partie fait), et une vraie pause méridienne.
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